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« The Innovative Global Energy Hub »

La French-American Foundation – France (1), dans le cadre de son programme « Energy », a organisé le 5 juin dernier une table ronde sur le thème « The Innovative Global Energy Hub ». Une équipe de Sia Conseil était présente pour assister aux échanges dont nous vous proposons ici un compte-rendu, également disponible sur le blog Energies & Environnement de Sia Conseil.

Hugues de Revel, animateur de la table ronde, souhaite rappeler en introduction que nous sommes le 5 juin, date choisie par l’ONU pour la journée mondiale de l’environnement. Puis il donne la parole aux deux invités : Dewitt Peart(2), Président de la Pittsburgh Regional Alliance et Yann Françoise(3), pilote du Plan Climat de Paris, qui a été adopté en octobre 2007.

Pittsburgh : the Global Energy Hub

Dewitt Peart commence par une présentation de sa région, située au Sud-Est de la Pennsylvanie, qui compte 2,6 millions d’habitants et abrite un tissu très diversifié d’entreprises dont l’activité résiste particulièrement bien à la crise. La région rayonne au niveau mondial grâce à la présence de plus de 300 multinationales. En outre, le sommet du G20 s’y tiendra en septembre prochain. Les secteurs clés, soutenus par une R&D très développée, sont la manufacture de pointe, les technologies de l’information, la bio-ingénierie et l’énergie.

Mr Peart axe ensuite sa présentation sur le secteur de l’énergie. Il rappelle que la région de Pittsburgh a toujours été pionnière en matière d’énergie, notamment grâce à ses sous-sols regorgeant d’énergies fossiles. Les premières mines de charbon y furent construites en 1760. Puis l’industrie pétrolière démarre à Pittsburgh avec la construction du premier puits de pétrole en 1859. Un siècle plus tard, c’est au tour du nucléaire : la première centrale des Etats-Unis voit le jour en 1957. De nos jours, le secteur est composé de 700 entreprises employant plus de 100 000 personnes, générant plus de 28 milliards de dollars de chiffre d’affaires et investissant plus d’un milliard par an pour la R&D. L’activité est soutenue par les objectifs de l’AEPS (Alternative Energy Portfolio Standards) qui visent 18% d’énergies renouvelables pour la vente d’électricité d’ici 2020.

Innovative energy hub pittsburgh enrgy

Mr Peart détaille chaque source d’énergie en répertoriant les forces et les opportunités de la région. En matière d’énergies fossiles, le secteur est très bien structuré et les ressources sont énormes avec le nouveau gisement de gaz de Marcellus Shale. Le secteur nucléaire est alimenté par la forte demande actuelle. De plus, Pittsburgh accueille un grand centre de recherche ainsi que le siège de Westinghouse. La région dispose également de très bons atouts pour les énergies renouvelables : grâce à son expertise industrielle, elle fournit de nombreux composants pour les éoliennes et les panneaux solaires. Enfin, la grande expérience en matière d’électronique est une force pour développer de nouvelles applications dans le secteur de l’énergie et la construction de bâtiments « intelligents ».

Innovative energy hub pittsburgh enrgy2

Enfin, Dewitt Peart termine sa présentation en montrant que parmi les 25 plus grosses villes fournissant de l’énergie aux Etats-Unis, Pittsburgh est la seule qui a un fort taux d’emploi et qui dispose de grandes ressources fossiles.

Le Plan Climat de la ville de Paris

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Yann Françoise prend alors la parole et commence par rappeler le contexte très particulier de la ville de Paris, qui concentre plus de 2 millions d’habitants dans un périmètre très restreint (105 km²) et qui n’accueille quasiment aucune activité industrielle. Puis il évoque les résultats du bilan carbone réalisé par la ville en 2004 : avec une consommation d’énergie de 34 000 GWh/an, Paris a émis 6,5 millions de tonnes équivalent carbone (soit 24 millions de tonnes équivalent CO2). A noter que la consommation d’énergie dans le secteur résidentiel est en baisse depuis 1990, mais qu’elle augmente légèrement en ce qui concerne les bureaux. Dans ce contexte, le plan d’action contre le changement climatique propose des objectifs ambitieux à horizon 2020 :

– baisse de 25% de la consommation d’énergie (par rapport au niveau de 2004)
– baisse de 25% des émissions de gaz à effet de serre (par rapport au niveau de 2004)
– 25% d’énergie produite à partir de sources renouvelables (contre 11% actuellement)
A horizon 2050, la ville espère même diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre.

Évidemment, ces objectifs se décomposent par secteur en actions concrètes, principalement dans le bâtiment, avec la rénovation thermique des immeubles, mais aussi dans le transport, avec l’amélioration des transports publics, la mise en service de nouvelles lignes de tramway et le développement des modes de transport doux (dont le Vélib’ constitue une vitrine médiatique). D’autres initiatives sont lancées, comme l’aménagement de nouveaux espaces verts, la réduction du volume de déchets, etc.

Yann Françoise explique ensuite les moyens mis en œuvres pour atteindre l’objectif fixé en termes d’énergie renouvelable : Paris dispose du 2ème plus gros réseau de chaleur européen après celui de Moscou. La mairie envisage de développer ce réseau et de modifier le mix énergétique de production de l’eau chaude. En particulier, le bois, les boues d’épuration, la géothermie ou encore le biogaz seront mis à contribution. Un autre axe envisagé est l’installation de 200 000 m² de panneaux photovoltaïques sur les toits de Paris (qui n’en comptent que 2 000 m² à ce jour) pour produire 0,7% de l’énergie consommée par la ville.

Questions: Suite à ces deux présentations, la salle était invitée à poser des questions aux intervenants.

Comment expliquer la réussite industrielle de Pittsburgh, malgré la crise économique et un passé de ville industrielle en déclin ?

Dewitt Peart commence par rappeler la situation critique dans laquelle se trouvait Pittsburgh au moment du déclin de son économie basée essentiellement sur la sidérurgie. Alors que la population de la région déclinait et que le chômage atteignait 30% en 1983. On comprend bien dès lors que le chemin parcouru pour revenir au premier plan a été long et difficile. Néanmoins, trois éléments principaux permettent d’expliquer la réussite économique que connaît actuellement Pittsburgh :

  1. Un programme fédéral de formation pour réorienter les actifs vers les nouveaux secteurs porteurs.
  2. Une diversification, non seulement poussée par la réalité économique, mais surtout érigée à dessein comme stratégie de développement économique, ce qui s’est avéré payant
  3. Enfin, une forte implication des dirigeants du secteur privé qui, collaborant avec l’administration publique, ont investi dans la région, ont su mobiliser et ont orienté l’économie régionale.

Comment le Plan Climat va-t-il se coordonner avec le projet du Grand Paris ?

Yann Françoise précise que plusieurs projets coexistent, dont le projet de Grand Paris, poussé par le Gouvernement français, et le projet de Paris Métropole, soutenu par la Mairie de Paris. Mais au-delà de ses problématiques administratives, il insiste sur la coopération qui a été mise en place dès le début du plan climat avec les villes et département voisins. Car même si la ville de Paris est à l’origine de ce Plan Climat, l’ensemble des acteurs publics se retrouvent dans ces objectifs. Ainsi, quelque soit le cadre dans lequel il s’articulera, Paris intra-muros, Grand Paris ou Paris Métropole, le combat contre le réchauffement climatique est partagé par tous et sera donc une priorité des politiques publiques.

Quel est le coût économique du Plan Climat de la ville de Paris ?

Yann Françoise explique que le chiffrage est très difficile à réaliser, en particulier en ce qui concerne la rénovation des bâtiments existants et la protection des espèces. Il précise quelques chiffres qui sont connus comme les 360 millions versés annuellement au STIF pour l’amélioration des transports et les 12 millions pour la protection contre les inondations.

Existe-t-il un programme équivalent au Plan Climat à Pittsburgh ?

Dewitt Peart répond qu’il n’y a pas encore d’approche globale du problème mais que de nombreuses initiatives écologiques existent et que des efforts particuliers sont réalisés pour les transports et notamment la promotion du vélo.

Retrouvez l’ensemble des présentations sur www.french-american.org/programmes/energie-environnement/index.html

Notes de bas de page :

(1) French-American Foundation – France : depuis sa création en 1976, la French-American Foundation – France (FAF – France) développe et multiplie les échanges d’expérience, organise des rencontres, débats, tables rondes, voyages et études sur des sujets clefs pour identifier des réponses aux défis du futur en matière économique, sociale, géopolitique et culturelle. FAF -France développe, sur un champ d’action varié, des interventions multiples destinées à un public averti de cadres dirigeants, élus, chercheurs, étudiants et journalistes.
Site : http://www.french-american.org

(2) Contacts :

– Janet Steinmetzer, directrice du développement (Janet.steinmetzer@french-american.org)
– Hugues de Revel, responsable de programmes (Hugues.derevel@french-american.org)

(3) Dewitt PEART: Executive Vice President, Economic Development, Allegheny Conference on Community Development, President, Pittsburgh Regional Alliance, an affiliate of the Allegheny Conference. L’Alliance Régionale de Pittsburgh a pour but de faire la promotion du Sud-est de la Pennsylvanie à l’international et d’offrir un point d’’accès privilégié aux entreprises souhaitant s’y installer.

(4) Yann FRANCOISE : Responsable de la cellule climat-énergie à la Direction des Espaces verts et de l’Environnement (DEVE) de la Ville de Paris

Sustainable Development in an Urban Environment: A New Beginning for the U.S.?

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Sustainable Development in an Urban Environment: A New Beginning for the U.S.?

La French-American Foundation –  France, dans le cadre de son programme « Energy » a organisé le  6 mai dernier, une table ronde autour du « Sustainable Development in an Urban Environment: A New Beginning for the U.S.?”(1) où une équipe de Sia Conseil s’est rendue afin d’assister aux débats.

Lors ce cette table ronde, animée par Hugues de Revel, de la French-American Foundation – France(2), deux invités spécialistes du développement durable sont intervenus pour donner leurs visions : Dale Medearis, Senior Environmental Planner at the Northern Virginia Regional Commission (NVRC) et Anne de Pazzis, Directeur du développement durable chez Sita(3) France (Groupe Suez Environnement).

Tout d’abord, Dale Medearis nous a présenté le NVRC (Norther Virginia Regional Commission) ainsi que les actions dans le domaine de l’environnement. Le NVRC est un conseil régional regroupant des élus locaux de la région de Washington DC dans l’état de Virginie.  Dale Medearis, expert dans les problématiques liées au changement climatique et à l’énergie développe des partenariats avec des métropoles Européennes via le réseau METREX(4), au sein de ce groupe de réflexion. Le cas de cette région est très représentatif des problématiques environnementales que connaissent les Etats Unis : La région qui comprend 2,5 millions d’habitants emmétrait, selon Dale Medearis, autant de CO2 que la Corée du Sud. Cela représente 20 tonnes d’émissions par habitant et par an. Ces émissions étant dues en majorité au chauffage, à la climatisation et aux transports routiers (la région comprenant peu d’industrie). Les autorités locales se sont fixées de réduire ces émissions de 80% d’ici 2025. Cependant, la législation américaine en matière d’environnement est inexistante. Les régions doivent apprendre comment élaborer un plan environnemental. Les métropoles de l’Union Européenne qui ont selon lui autour de 30 ans d’avance sur les Etats Unis sont une source d’inspiration pour l’élaboration de la politique environnementale locale américaine. L’arrivée du nouveau gouvernement début 2009 est selon Dale Medearis, l’opportunité de rattraper le retard.

Ensuite, Anne de Pazzis, nous a présenté Sita France et l’implication de cette filiale du groupe Suez Environnement, qui inscrit ses activités dans une logique globale de développement durable. En effet, le taux d’urbanisation croit fortement. Actuellement 50% de la population mondiale habite en ville. Selon Anne de Pazzis, dans un contexte d’urbanisation croissante des populations  (Le taux atteindra 60% en 2025), en particulier en Asie qui comprendra en 2020 la moitié de l’humanité, les habitants ont de plus en plus d’exigences en matière de sécurité, de pollution et de service locaux comme les transports. Les effets de changements climatiques et la diminution des ressources naturelles nécessitent de repenser l’urbanisme de manière globale. Anne de Pazzis estime que des solutions innovantes en matière de gestion environnementale sont nécessaires.

Selon la directrice du développement durable de Sita France, un projet d’urbanisation nécessite la concertation des différentes parties (autorités locales, industriels, citoyens), en amont du projet. Les enjeux étant de développer les synergies entre plusieurs utilities (approche multi-utilities) et de proposer un projet adapté aux contraintes locales.  C’est le cas des éco-quartiers. Ils sont au nombre de 100 en Europe et 200 autres devraient aboutir d’ici 2020. Ces projets s’inscrivent dans une vision à long terme.

Dale Medearis reconnait alors que c’est cette vision à long terme qui fait terriblement défaut à sa région et plus globalement aux Etats Unis.  A titre d’exemple, les réseaux d’évacuation des eaux de Washington DC n’ont jamais été entretenus et renouvelés, si bien que le traitement des eaux est devenu le premier poste de consommation d’énergie et est extrêmement couteux. Les pouvoirs locaux ont par ailleurs du mal à favoriser les activités locales liées au développement durable. Les énergies renouvelables peinent par exemple à se développer car les entreprises du Northen Virginia proposant ces technologies, préfèrent investir en Europe  où la rentabilité de ces énergies est plus forte (grâce à une politique incitative).

Anne de Pazzis rappelle aussi que l’implication des décisionnaires (pouvoir publics) est indispensable. Bon nombre d’entre eux sont très frileux lorsqu’il  s’agit d’installer des centrales d’incinérations sur leurs territoires. Le chauffage urbain est par exemple reconnu comme un moyen efficace de chauffer des quartiers d’habitat collectif. De plus, le rendement d’un site de valorisation énergétique est optimal lorsqu’il crée de l’énergie électrique et de la chaleur. Cependant la chaleur ne peut être exploitée que lorsque l’unité de valorisation est implantée à proximité des habitations. Le développement du chauffage urbain pâtit réellement du manque d’implication des collectivités locales. Pour autant, certaines villes européennes l’ont mis en place avec succès. C’est le cas de l’éco-quartier de Fribourg en Allemagne.

La difficulté pour les élus consiste à inscrire de tels projets dans le long terme. Il est donc nécessaire de mettre en place des indicateurs réalistes permettant de suivre l’avancement du projet étape par étape. Trop souvent les projets consistent à tout détruire pour reconstruire ; un gaspillage d’énergie provoqué par une vision à court terme.

Un ancien responsable d’entreprise française spécialisée dans la gestion de l’eau qui travaillait, il y a trente ans, au développement de cette société sur le territoire américain indique alors que la plupart de ces problèmes étaient déjà identifiés à l’époque. Les technologies apportaient déjà des réponses efficaces, mais il n’y a jamais eu de volonté des pouvoirs publics : les craintes que cela se reproduise aujourd’hui sont fortes.

Selon Dale Medearis, les problèmes environnementaux ne sont mis sur le  devant de la scène politique américaine que depuis quelques mois. Les américains seront dorénavant obligés de faire un meilleur usage de leurs ressources. Il a le sentiment profond que quelque chose va arriver, mais reconnaît que cela ne sera certainement pas à l’échelle du mandat de Barack Obama.

Les Etat Unis sont en train de mettre en place une politique environnementale globale. Cette politique devra détailler les rôles et responsabilités des différentes parties (Le gouvernement, les états, les comtés, les communes) au travers de plans nationaux. On peut en particulier noter la nécessité d’adopter un plan énergie ayant pour objectifs la maîtrise des consommations et le développement des moyens de production d’énergie verte. Des projets de mise en place de standards environnementaux à l’échelle locale sont étudiés actuellement au congrès.

La conférence de Copenhague (5) qui aura lieu du 7 au 18 décembre 2009 sera certainement l’occasion de faire un point sur l’avancement des travaux. Les Etats-Unis y seront attendus, et les étapes franchies par le gouvernement américain depuis l’arrivée au pouvoir d’Obama laissent penser qu’ils peuvent venir avec une politique éclaircie dans ce domaine et une vraie volonté d’engagement.

(1) Le développement durable en milieu urbain: un nouveau départ pour les Etats-Unis ?

(2) French-American Foundation – France:

Depuis sa création en 1976, la French-American Foundation – France (FAF – France) développe et multiplie les échanges d’expérience, organise des rencontres, débats, tables rondes, voyages et études sur des sujets clefs pour identifier des réponses aux défis du futur en matière économique, sociale, géopolitique et culturelle. FAF -France développe, sur un champ d’action varié, des interventions multiples destinées à un public averti de cadres dirigeants, élus, chercheurs, étudiants et journalistes.

http://www.french-american.org

Contact :

Janet Steinmetzer, directrice du développement

Janet.steinmetzer@french-american.org

Hugues de Revel, responsable de programmes

Hugues.derevel@french-american.org

(3) Sita :

SITA France est, au sein de SUEZ Environnement, le spécialiste de la gestion globale des déchets. Depuis 90 ans, SITA collecte, achemine, traite et valorise les déchets des collectivités locales, des entreprises, des professionnels de santé et des particuliers. Enjeu majeur, tant pour les collectivités locales que pour les entreprises, la gestion des déchets fait partie intégrante de la protection de l’environnement.

http://www.sita.fr/

(4) METREX :

METREX, le Réseau des Régions et des Aires métropolitaines d’Europe, fournit une plate-forme d’échange de connaissance, d’expertise et d’expérience dans le domaine des affaires métropolitaines et propose une action conjointe sur des questions d’intérêt commun. Le Réseau est composé de membres de quelque 50 régions et aires métropolitaines accompagnés de nombreux autres organismes partenaires.

http://www.eurometrex.org/ENT1/FR/index.asp

(5) La conférence de Copenhague :

Conférence sur le changement climatique qui aura lieux à Copenhague en décembre 2009.

http://fr.cop15.dk/